Tête chercheuse

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Comment êtes vous devenu mathématicien ?
Le goût pour les sciences remonte à mon enfance. J’aimais les mathématiques mais aussi la physique et ce n’est qu’au moment de mes études supérieures que j’ai dû faire un choix entre les deux. Les mathématiques se sont finalement imposées, sans doute pour leur abstraction.

Dans quel domaine menez-vous vos recherches ?
Je suis probabiliste. Je m’intéresse aux surfaces aléatoires, des objets bidimensionnels comme une nappe ou une feuille de papier, mais dont la géométrie serait complètement aléatoire autour de chacun de ses points, comme une sorte de feuille de papier froissée complètement au hasard.

Quelles sont les qualités  nécessaires pour être mathématicien ?
Je ne pense pas qu’il y ait une réponse unique. Bien entendu, il faut avoir le goût de l’abstraction, aimer la résolution de problèmes et être curieux. Mais au-delà de ces quelques constats évidents, je crois surtout que cela dépend de la sensibilité de chacun, il y a plusieurs façons de faire des mathématiques en fonction de sa personnalité. Et j’aime cette diversité et cette liberté. Bien sûr, à la fin, le langage et la rigueur mathématiques restent les mêmes pour tous les mathématiciens.

Quelle est votre méthode de travail ?
J’écris, je dessine beaucoup. Je pars d’intuitions, d’images, de formes, et je cherche à leur donner un contenu mathématique. C’est un peu ma façon de fonctionner. Je fais très souvent appel à mon imagination avant de formaliser mes idées et de leur donner un cadre rigoureux.

Avez-vous beaucoup d’échanges avec vos collègue?
Oui, c’est extrêmement important. Et s’il y a de nombreuses façons de faire des mathématiques, en revanche nous partageons tous ce même besoin de nous rencontrer, de confronter nos avis, nos idées.

Ce sont plutôt nos échanges formels ou improvisés autour de la machine à café?
Les deux formes sont importantes car on n’aborde pas les mêmes sujets. Autour de la machine à café, vous allez parler des choses qui vous tiennent à coeur sur l’instant, des recherches que vous essayez de faire avancer au moment où vous en discutez. Dans les séminaires ou les congrès, les travaux qui sont présentés sont des sujets plus aboutis.

Pourquoi avoir choisi l’Université Paris- Sud ?
Il y a plein de bonnes raisons pour faire ce choix. D’abord c’est un endroit très réputé, avec un environnement scientifique fantastique et des gens vraiment exceptionnels. Et c’est aussi une université renommée auprès des étudiants ce qui nous permet d’avoir des jeunes très motivés. J’enseigne entre autres dans deux formations, un M2 et la préparation à l’agrégation. J’ai en cours des étudiants extrêmement brillants et très dynamiques, c’est évidemment très agréable. Et enfin, il y quelque chose que j’aime particulièrement au laboratoire de mathématiques d’Orsay, c’est cette volonté de ne pas entretenir de cloisonnement trop fort entre les différentes disciplines. Nous sommes bien sûr répartis dans des équipes de recherche mais le sentiment d’appartenance à un seul et même  laboratoire prédomine. D’ailleurs, le laboratoire s’est longtemps appelé « laboratoire de mathématique »,  sans « s », ce qui symbolise bien cette volonté d’unité.

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