1971-2011 : 40 ans de passion

Trois questions à … Guy Couarraze, Président de l’Université Paris-Sud

En décembre 1970, paraissait au journal officiel un décret signé du Premier ministre Jacques Chaban-Delmas et du ministre de l’Education nationale Olivier Guichard annonçant la création au premier janvier 1971 de 44 universités. Dans la liste, on pouvait trouver l’Université Paris-Sud, sous le sigle Paris XI. 40 ans plus tard, Guy Couarraze a annoncé en début d’année un grand ensemble de festivités pour célébrer cette date anniversaire.

© M. LECOMPT

L’Université Paris-Sud célèbre ses 40 ans tout au long de l’année. Quel sens souhaitez-vous donner à cette manifestation ?

La construction de notre université depuis 1971 a été une formidable aventure scientifique et humaine que nous avons voulu honorer en célébrant, les 40 ans de l’Université Paris-Sud. Cette  commémoration de la naissance de notre établissement est une première pour l’Université. Nous n’avions encore jamais organisé ce genre de célébration. Il m’a semblé que c’était important, aujourd’hui, de saisir cette opportunité pour rassembler notre communauté. Nous avons choisi de permettre au plus grand nombre de participer, en organisant non pas un grand événement unique mais une série de manifestations échelonnées tout au long de l’année et réparties sur  l’ensemble des sites de nos composantes. Les célébrations ont ainsi démarré par le vernissage d’une exposition itinérante, appelée à circuler dans toute l’Université et rappelant les grands jalons de son histoire. Nous souhaitions également que les étudiants se sentent pleinement impliqués dans cette célébration. Je crois que nous y sommes parvenus. Ils ont été associés à l’organisation de nombreuses manifestations et ont même été à l’initiative de certaines d’entre elles, comme le gala étudiant par exemple.

 

Quarante ans, c’est souvent considéré comme l’âge de la maturité. Est-ce le cas pour l’Université Paris-Sud ?

© M. LECOMPT

Qu’entend-on par « l’âge de la maturité » ? Il me semble que généralement on cherche à décrire par cette formule une étape de la vie d’une personne qui jouit pleinement de toutes ses capacités, qui est généralement installée d’un point de vue social, personnel et professionnel. A 40 ans, on a souvent trouvé sa voie, on s’est forgé une position, une identité. Est-ce le cas pour Paris-Sud ? L’Université a-t-elle atteint cet état de maturité ? J’aurais tendance à répondre positivement mais pas totalement. Et c’est normal, quarante ans c’est jeune à l’échelle de l’histoire des universités qui se compte en siècles ; une université est le fruit d’une lente alchimie, car c’est avant tout l’aboutissement de très larges intégrations qui ne peuvent se concevoir que dans la durée, c’est d’ailleurs pourquoi la comparaison anthropomorphique avec un être humain s’arrête là. Aujourd’hui, quarante ans après sa création, l’Université Paris-Sud a réussi à rassembler ses forces. Il peut encore y avoir des évolutions, naturellement, mais globalement on peut considérer, sans prétention abusive, que Paris-Sud a su mener une politique forte et ambitieuse en matière de recherche et de formation et qu’elle peut se prévaloir d’une très bonne reconnaissance académique. Ce qui me semble toujours en construction aujourd’hui, c’est l’identité de notre établissement. Cette identité est encore à forger ou tout le moins à affiner. Le visage de Paris-Sud n’est encore dessiné qu’à grands traits,  l’image est pixellisée. Mais, je le répète, cela est très naturel. Depuis 40 ans, notre communauté s’est employée à rassembler ses forces, l’Université s’est organisée pour  fonctionner au mieux. Maintenant que cet immense travail a été accompli, nous avons les cartes en main pour formaliser et promouvoir une identité qui nous corresponde. Nous avons d’ailleurs entamé depuis près d’un an une réflexion approfondie sur notre marque, notre image, qui va se traduire, par exemple, par une évolution de notre logo et de notre identité visuelle. Ce n’est bien sûr qu’une première étape symbolique, beaucoup reste à faire, mais je pense qu’aujourd’hui, nous sommes justement prêts pour avancer, tous ensemble, sur ce sujet.

Comment imaginez-vous l’Université Paris-Sud dans 40 ans ?

La question est simple, la réponse l’est moins. Je n’ai pas la prétention de lire dans l’avenir mais je peux en revanche vous dire ce que je souhaite. Ce à quoi je tiens, c’est que dans 40 ans, Paris-Sud soit toujours une grande université par la force de ses principes fondateurs intrinsèques caractéristiques des grands ensembles universitaires. Nous en revenons d’ailleurs à la question d’identité et de valeurs qui sont inhérentes à nos établissements universitaires. Paris-Sud va continuer à évoluer et je suis incapable de définir les contours de notre établissement dans 40 ans mais ce que je veux absolument, c’est que nous ayons gardé ce qui fait notre richesse et une de nos spécificités, le large spectre de nos étudiants. Cette diversité d’origine, de culture et de profils des publics à l’université me semble être un élément essentiel qui doit être le fil rouge de notre évolution. Corolaire de ce point, la pluridisciplinarité me semble vraiment l’élément structurant de l’Université telle que je la vois dans 40 ans. Et autant je ne conçois pas qu’il y ait des secteurs qui se développent au détriment des autres, autant je n’écarte pas l’hypothèse que de nouvelles disciplines puissent apparaître à l’Université. Autre point essentiel, celui du fonctionnement interne. Il serait réducteur d’imaginer qu’il n’y aura pas de changements dans la gouvernance des universités en 40 ans, mais je souhaite  ardemment que soit préservé le mode de gouvernance basé sur la participation et l’adhésion des personnels au projet collectif. Une université ne fonctionne pas comme une entreprise rigidement hiérarchisée, où le personnel n’est pas associé aux décisions stratégiques. La particularité de nos établissements tient largement au fait que nos objectifs et nos stratégies sont définis en prenant pleinement en compte la réflexion de ceux qui seront amenés à les mettre en application. Pour en revenir à la question initiale, il serait présomptueux de ma part de vouloir écrire l’histoire à l’avance mais mon souhait, ce que je veux qu’il arrive, c’est que nous cultivions la valeur ajoutée de ces éléments forts qui font la spécificité de nos établissements universitaires à savoir leur pluridisciplinarité, la diversité de leur étudiants, la collégialité dans leur mode de gouvernance. C’est parce qu’il représente ce degré de complétude que le modèle universitaire s’est imposé à travers les siècles par delà les aléas de l’histoire, et qu’il est aujourd’hui une référence à travers le monde.

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