Ces projets à venir

La plupart des résultats de la première vague des appels à projets lancés dans le cadre des investissements d’avenir sont aujourd’hui connus. Zoom sur trois projets retenus

Cohortes, LabEx, EquipEx, IdEx… les investissements d’avenir ont largement mobilisé la communauté scientifique française et en particulier de nombreuses équipes de l’Université Paris-Sud… Tout au long du premier semestre 2011, les résultats des appels à projets ont été publiés. Sur les 10 lauréats de l’appel à projets « Cohortes », trois projets* sont portés par des équipes de recherche rattachées à l’Université Paris-Sud et un quatrième projet à périmètre national, est réalisé en collaboration avec une équipe de recherche rattachée à l’Université. Environ un tiers des projets d’«équipements d’excellence » impliquant Paris-Sud a été retenu, soit 8 projets* sur les 52 lauréats nationaux. Enfin, l’Université est impliquée dans neuf laboratoires d’excellence* sélectionnés lors de cette première vague d’appels d’offres. Que se cache-t-il réellement derrière ces chiffres et ces appellations un peu codées ? Quels sont les enjeux scientifiques voire sociétaux ? Voici quelques éléments de réponse à travers la description de trois projets lauréats portés par l’Université Paris-Sud.

Mieux connaître les facteurs de risques de certaines maladies pour améliorer la prévention

Les cohortes constituent aujourd’hui l’un des instruments de référence de la recherche en santé publique. Ces études menées sur un échantillon homogène de la population, permettent d’étudier les déterminants biologiques, sociaux, comportementaux, économiques et environnementaux de la santé, mais également, de comprendre l’évolution des maladies et d’étudier  l’interaction entre facteurs génétiques et environnementaux. La cohorte E4N est constituée par les enfants et petits-enfants des 100 000 femmes suivies depuis 20 ans dans le cadre de la cohorte E3N (Etude Epidémiologique auprès de femmes de la MGEN). Cette grande étude prospective va permettre de découvrir les facteurs de risque génétiques et biologiques de certaines  maladies. L’objectif est d’étudier la santé de jeunes adultes en analysant leur environnement familial et génétique et en évaluant l’impact de l’exposition à certains facteurs environnementaux au début de la vie. Alors que le périmètre d’étude de la cohorte E3N était limité au cancer, celui d’E4N englobe toutes les pathologies. Au niveau des femmes adultes, l’étude portera sur l’influence du traitement hormonal de la ménopause, l’influence des habitudes alimentaires et du style de vie sur le risque de développer des maladies. Sur la cohorte des enfants (2e et 3e génération), une banque de salive et de sang sera constituée, permettant de futures analyses. Des questionnaires spécifiques appuyés de mesures biologiques (mesure des capacités respiratoires, imagerie du cerveau, consultation neurologique, analyses de la salive et du sang, extraction d’ADN) et un suivi inter-générations seront mis en oeuvre. Ce projet sera financé à hauteur de 7,9 millions d’euros.

Une source compacte de rayonnement synchrotron

Dans un certain nombre de domaines, la recherche scientifique a un besoin croissant d’équipements technologiques de pointe, complexes et coûteux. C’est notamment le cas des sources de rayonnement synchrotron qui permettent d’explorer la matière inerte ou vivante offrant à une communauté très large de chercheurs la possibilité de mener leurs travaux dans des domaines très variés depuis la biologie, la médecine, les sciences de l’environnement jusqu’à la physique des matériaux. Actuellement, seuls de grands synchrotrons fournissent ces sources. En France par exemple, les chercheurs doivent se rendre sur le site de SOLEIL à Saint-Aubin (91). Outre leur coût très élevé, les dimensions impressionnantes de ces instruments dans l’état actuel de l’art limitent certaines possibilités d’applications. L’ambition du projet ThomX est au contraire d’arriver à réaliser une source compacte offrant ainsi de nouvelles perspectives d’applications notamment dans le domaine des sciences médicales (imagerie et thérapie), des sciences sociales (patrimoine artistique), de la technologie et de l’industrie. La source pourrait ainsi par exemple être installée dans un hôpital, ce qui faciliterait l’accès des patients et des chercheurs et aurait un impact significatif sur les aspects cliniques (imagerie statique et dynamique, mammographie en 3D, bronchographie, angiographie, radiographie). Autre exemple d’utilisation, ThomX pourrait permettre de réaliser des analyses de matériaux pour l’étude du patrimoine, des datations d’oeuvres d’art, mais aussi de la cristallographie, de la chimie, de la métallurgie, ou de la biologie. Le projet est porté par le LAL (CNRS-IN2P3). Les partenaires sont : SOLEIL, Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF), Centre lasers intenses et applications (CELIA), Grenoble institut des neurosciences (GIN-INSERM), Institut NEEL, European Synchrotron Radiation Facility (ESRF), Thalès Electron Devices (TED). Le projet va en outre offrir des possibilités considérables d’une formation d’excellence aux jeunes chercheurs grâce aux scientifiques spécialistes des domaines des accélérateurs de particules et du rayonnement relativiste, des lasers, des couches minces et de l’instrumentation X et de la participation de partenaires français mondialement reconnus comme leaders dans leurs domaines : en sciences médicales sur les synchrotrons et dans le domaine du patrimoine artistique. Le processus d’industrialisation sera lancé en collaboration avec THALES, leader mondial dans les systèmes lasers et accélérateur. Le marché potentiel est important au niveau national et international, que ce soit pour des pôles régionaux ou interrégionaux, ou pour des pays souhaitant accéder à des sources compactes, beaucoup moins onéreuses que de grandes infrastructures. Implanté à Orsay, le projet ThomX recevra 12 millions d’euros.

Des médicaments plus performants

Parmi les 100 lauréats, le Laboratoire de Recherche sur le Médicament et l’Innovation Thérapeutique (LERMIT) s’appuie sur une combinaison unique d’expertises présentes au sein des 15 laboratoires partenaires en biologie/médecine, chimie biologie, chimie médicinale, physico-chimie et sciences pharmaceutiques dans le but de concevoir et réaliser des médicaments du futur. Pourquoi rassembler toutes ces compétences ? Parce que l’innovation thérapeutique et la recherche de nouveaux médicaments est par essence pluridisciplinaire. Il s’agit à l’origine d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques en rapport avec une pathologie. Classiquement, ce sont des récepteurs ou des enzymes sur lesquels se fixent les médicaments afin de modifier les fonctions cellulaires. Une fois la cible validée, il faut ensuite décrypter son fonctionnement biologique. La cible définie est soumise à l’action de différentes substances de façon à isoler le composant le plus prometteur. La galénique permet ensuite de définir la forme optimale pour que le principe actif puisse faire effet : comprimés, injections, vectorisations… Et à ce stade, ilreste encore le vaste chantier des tests chimiques et biologiques, tous effectués dans un but précis : prouver la sélectivité, la sécurité, l’efficacité et la « développabilité » de la molécule étudiée. Le LERMIT permettra justement de réunir plus de cinq cents chercheurs, enseignants-chercheurs, ingénieurs, techniciens, doctorants et post doctorants impliqués dans l’une ou l’autre de ces étapes. Le projet est ciblé sur trois classes majeures de maladies : le cancer, les maladies cardiovasculaires et les maladies infectieuses et du système immunitaire. Les recherches vont concerner les mécanismes moléculaires responsables, de nouvelles cibles thérapeutiques, la conception et le développement de nouveaux médicaments et stratégies thérapeutiques. De nouvelles propriétés au niveau moléculaire seront explorées en associant la physique, la chimie et la biologie. Le projet devrait donc jouer un rôle structurant au sein du campus de Saclay dans le domaine du médicament et consolider ainsi sa visibilité nationale et internationale. Il s’agit également d’une action exemplaire démontrant l’intérêt de mener des recherches  pluridisciplinaires avec un but sociétal majeur. En plus de maintenir une recherche académique de haut niveau, le laboratoire, associé à de nombreux masters, permettra de former des étudiants, en contact étroit avec l’industrie. Il générera de la propriété intellectuelle et encouragera l’émergence de projets industriels (start-up) issus des équipes de recherche académiques. Les projets d’innovation thérapeutique seront soutenus au sein du LERMIT jusqu’aux études précliniques ou aux études cliniques de phase I/II. Des partenariats sont en outre prévus avec plusieurs industriels (GSK, Vect-Horus, Ipsen, Sanofi…). Les  retombées du projet seront importantes en termes de brevets et licences pour les projets exploités par ces industriels.

*Cohortes :
CKD-REIN a pour projet d’étudier une cohorte de patient porteurs d’une maladie chronique du rein afin de mieux  connaitre les causes, les complications possibles et d’identifier des meilleurs stratégies de prise en charge. Ce projet porté par l’Université Paris-Sud bénéficie d’un financement de 4 088 460 euros.
E4N correspond à une étude prospective au niveau de la population générale, composée des enfants et petits-enfants  des femmes d’une précédente cohorte (E3N, composée de 100 000 femmes suivies depuis 20 ans). Il s’agit donc d’une
étude prospective chez les jeunes adultes qui tient compte de son environnement familial et génétique. La dotation attribuée à ce projet de cohorte est de 7 948 200 euros.
HOPE-EPI sera la constitution d’une cohorte nationale sur les cancers de l’enfant, afin d’identifier les risques  environnementaux et génétiques qui y sont liés et d’étudier la disparité des traitements et leurs effets secondaires à court et long termes. Cette cohorte recevra 5 582 300 euros de financement.
CANTO a pour objectif d’étudier des toxicités chroniques des traitements anticancéreux chez 20 000 patientes atteintes d’un cancer du sein localisé, afin de développer de nouvelles thérapies, d’améliorer la qualité de vie des patientes et de diminuer les dépenses de santés. Le financement attribué à ce projet est 13 870 288 euros.

*Equipements d’excellence :
Andromede, dans lequel l’Institut de Physique Nucléaire d’Orsay (Université Paris-Sud/CNRS) est impliqué, est le projet de la construction d’une nouvelle génération de système d’analyse des propriétés de la matière qui utilisera des
nanoparticules de haute énergie pour bombarder des échantillons de matière. Cet outil pourra être utilisé dans les domaines de l’astrophysique, la santé et l’énergie. Il est doté de 4 millions d’euros.
CILEX (Centre Interdisciplinaire Lumière Extrême) sera un centre à vocation internationale de recherche utilisant l’ensemble des installations lasers et expérimentales complémentaires du Plateau de Saclay, notamment en perspective
des nouvelles réalisations en laser haute intensité dans le cadre de l’Institut de lumière extrême ILE Les applications issues de ces recherches iront de la création de nouveaux matériaux à la mise au point de nouvelles thérapies. La dotation attribuée à ce projet est de 20 millions d’euros.
DIGISCOPE est un projet qui implique très directement le Laboratoire de recherche en informatique (LRI, Université Paris-Sud/CNRS). Il s’agit de mettre en place une infrastructure en réseau qui développe des techniques de visualisation interactives de données très complexes issues de modélisation et de simulations numériques. Ce projet financé à hauteur de 6,7 millions d’euros sera implanté à Saclay, mais accessible à l’ensemble de la communauté des chercheurs. Ce réseau unique au monde connectera plusieurs sites de données complémentaires et pourra initier des collaborations internationales.
FlowCyTech permettra d’étendre les activités de la plateforme existante sur le site Immunovirologie de Fontenay aux Roses. Le but de cette nouvelle plateforme est de proposer une accélération dans l’acquisition de données sur des cellules mammifères et de leur analyse, d’augmenter le nombre de paramètres mesurés et de développer des essais standardisés pour les bio-marqueurs complexes. Différents projets de thérapies innovantes, en particulier sur les modèles infectieux animaux (VIH, Chikungunya,…) pourront être développés. Les scientifiques du CEA, de l’Université Paris-Sud de l’INSERM et du CNRS, des entreprises pourront également tester l’efficacité de vaccins ou de nouvelles thérapies. Ce projet est financé à hauteur de 2,3 millions d’euros.
Planaqua sera une plateforme expérimentale d’écologie aquatique en Ile de France dont les volumes d’étude pourront aller de quelques litres à des lacs artificiels. Equipée d’instruments innovants, elle fera partie de réseau de stations d’écologie expérimentale du CNRS unique en Europe. La dotation attribuée à ce projet est de 3,2 millions d’euros.
TEMPOS est un projet autour de la physique des matériaux et des nanotechnologies, dans lequel est impliqué le Laboratoire de physique des solides (Université Paris-Sud/CNRS). Il s’agit de créer à Saclay d’un centre commun de
micorsopie électronique pour l’élaboration, de nano-objets et de nanocaractérisation… L’objectif est d’explorer la matière et découvrir de nouvelles propriétés ou effets qui constitueront les composants du futur. La dotation de ce
projet dans le cadre des « Equipex » est de 13,5 millions d’euros.
ThomX, dans lequel le Laboratoire de l’accélérateur linéaire (LAL, Université Paris-Sud/CNRS) est fortement impliqué, produira une source compacte de rayons X, dont les spécificités permettront des applications dans les domaines de la médecine (imageries), du patrimoine culturel (analyse de matériaux pour la datation d’oeuvres d’art), de la cristallographie, de la chimie, de la métallurgie et de la biologie. La réalisation en France de la machine sur les sites d’Orsay et de Grenoble permettra aussi bien de développer les recherches dans ces domaines que d’offrir une formation d’excellence aux jeunes chercheurs. La dotation attribuée à ce projet est de 12 millions d’euros.
FIT, auquel le Laboratoire de recherche en informatique (Université Paris-Sud/CNRS) est associé par une de ses équipes commune avec l’INRIA, vise à construire un réseau national, matériel et logiciel afin de tester en grandeur réelle les futures technologies de l’internet. La dotation de ce projet est de 5,8 millions d’euros.

*Laboratoires d’excellence :
– LaSIPS, Laboratoire système et ingénierie de Paris Saclay, porte sur l’ingénierie des matériaux qui s’inscrivent dans les secteurs du développement durable, de l’énergie et de la santé. Philippe Bompard, chercheur au laboratoire de Mécanique des sols, structures et matériaux (Ecole Centrale Paris/CNRS) est le porteur de ce projet.
 – LERMIT, Laboratoire de recherche sur le médicament et l’innovation thérapeutique, rassemble des biologistes, médecins, chimistes et physico-chimistes avec pour objectif de concevoir et réaliser de nouveaux médicaments. Ce projet est porté par Rodolphe Fischmeister, Directeur du laboratoire Signalisation et physiopathologie cardiaque (Université Paris-Sud/Inserm).
Nano-Saclay, Nano-Lab multidisciplinaire de Paris-Saclay, a pour objectif d’explorer les potentialités des nanosciences et nanotechnologies pour définir de nouvelles générations de composants utilisant les propriétés quantiques de la matière, de développer de nouvelles générations de nanomédicaments et de dispositifs d’imagerie pour la santé et d’impliquer les nanomatériaux dans les nouvelles énergies. Claude Chappert, Directeur de l’Institut d’électronique fondamentale (Université Paris-Sud/CNRS) est porteur du projet.
PALM, Physique : atome, lumière matière, est un projet de physique fondamentale et appliquée qui s’inscrit dans les domaine du traitement de l’information et de la communication, de la compréhension des réactions et processus de biologie, du climat et de l’énergie et dans l’exploitation de phénomènes ultra rapides pour la génération de nouvelles sources lumineuses. Ce projet est porté par Marc Mezard du Laboratoire de physique théorique et modèles statistiques (Université Paris-Sud/CNRS).
P2IO, Physique des 2 infinis et des origines, permettra une recherche interdisciplinaire sur les questions de physique expérimentale et théorique des origines de l’Univers aux conditions de l’apparition de la vie, avec l’objectif de développer des instruments de recherche et des applications dans les domaines de la médecine et de l’énergie nucléaires. Guy Wormser, directeur du Laboratoire de l’accélérateur linéaire (Université Paris-Sud/CNRS), est le porteur de ce projet.
 – SPS, Sciences des plantes de Saclay, vise à étendre les connaissances fondamentales de la biologie des plantes afin d’adapter les systèmes de culture à des environnements variables et de développer des utilisations de la biomasse végétale. Ce projet est porté par Loïc Lepiniec, Directeur de recherche à l’Inra au laboratoire de Biologie des semences à l’Institut Jean-Pierre Bourgin.
 – L-IPSL, LabEx Institut Pierre Simon Laplace : Comprendre le climat et anticiper les changements futurs, devrait permettre à la France de jouer un rôle décisif à l’international dans les prévisions des effets du changement climatique. Ce projet est porté par Hervé Le Treut, Directeur de l’Institut Pierre Simon Laplace.
En plus de ces projets, l’Université Paris-Sud est impliqué dans les laboratoires d’excellence PATRIMA et VRI.
PATRIMA, Patrimoines matériels : savoirs, patrimonialisation, transmission, réunit des laboratoires impliqués dans l’analyse, la conservation et la restauration d’œuvre d’art.
 – Projet VRI, Initiative pour la création d’un Institut de recherche vaccinale, est le projet d’un centre et réseau de recherche dédiés au développement de vaccins efficaces contre le VIH et l’hépatite C. 

Contacts

Françoise Clavel -Chapelon
Cohorte E4N
INSTITUT GUSTAVE ROUSSY (IGR)
clavel@igr.fr

Guy Wormser
Equipex ThomX
LABORATOIRE DE L’ACCELERATEUR LINEAIRE (LAL )
wormser@lal.in2p3.fr

Rodolphe Fischmeister
LabEx LERMIT
FACULTE DE PHARMACIE
rodolphe.fischmeister@inserm.fr

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