Vous prendrez bien un petit comprimé dans votre verre d’eau!

Depuis plusieurs années, la communauté scientifique et les pouvoirs publics s’interrogent sur les risques liés à la présence dans l’eau de résidus de médicaments à l’état de traces. Cette question se pose avec une acuité particulière en France,  premier consommateur de médicaments en Europe.

La ministre de l’écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet visite le laboratoire du Pr. Yves Lévi. ©Barbara Cordella

C’est au laboratoire du Pr. Yves Lévi de la Faculté de Pharmacie de Châtenay-Malabry que la ministre de l’écologie Nathalie Kosciusko-Morizet et la directrice générale adjointe de la santé Sophie Delaporte ont choisi de lancer le premier Plan National sur les résidus de médicaments dans l’eau.

En février 2011, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) révélait qu’un quart des échantillons d’eau du robinet analysés contenait des traces de médicaments, notamment des antiépileptiques et des anxiolytiques. A ces résidus issus des urines et fèces humains et animaux, présents dans les milieux aquatiques (rivières ou nappes souterraines), viennent s’ajouter les  médicaments directement jetés dans les toilettes ou dans les poubelles. Sur près de 30 000 tonnes de médicaments humains non utilisés par an en France à peine 13 000 tonnes sont récupérées dans les pharmacies. Bien que les doses résiduelles dans les milieux aquatiques soient infimes (du nanogramme au microgramme par litre), les conséquences environnementales et sanitaires sont encore trop peu connues. Il est donc essentiel d’évaluer les risques, pour l’Homme et pour les écosystèmes, et d’engager des actions de réduction de la dispersion des médicaments dans les eaux. Tels sont les objectifs de ce premier Plan national sur les résidus de  médicaments dans l’eau qui a été élaboré par les ministères en charge de l’écologie et de la santé. « La réussite de ce plan  d’action repose sur la prévention en limitant les rejets médicamenteux, et sur la recherche, pour améliorer les connaissances afin de mieux cerner les impacts sanitaires et environnementaux » a indiqué la ministre de l’écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet qui avait justement choisi la faculté de Pharmacie de Chatenay-Malabry avec la Directrice générale adjointe de la santé pour le lancement de ce plan.

Un appui par l’expertise
Compte-tenu de la complexité du sujet (diversité des molécules impliquées, méthodes analytiques à développer pour détecter les faibles traces, évaluation des dangers et des risques à bâtir, optimisation des procédés d’assainissement, etc.), un groupe d’appui scientifique (GAS) a été structuré début 2010. Constitué de représentants d’organismes nationaux et de personnalités reconnues pour leur expertise scientifique, ce groupe d’experts est présidé par Yves Lévi, Professeur de Santé Publique Environnement à l’Université Paris-Sud et responsable du groupe Santé-environnement de la faculté de Pharmacie de Châtenay-Malabry. L’équipe a récemment rejoint l’UMR 8079 « Ecologie, systématique, évolution (ESE) » Université Paris-Sud-CNRS-AgroParisTech, qui développe des voies d’approche intégrées interdisciplinaires en écophysiologie végétale, en génétique évolutive ou en écologie des populations. L’objectif des chercheurs est de mieux évaluer les effets écotoxiques et sanitaires liés aux traces de micropolluants organiques dans les eaux usées, les eaux continentales et les eaux potables. En ligne de mire, la directive cadre européenne qui impose à la France d’atteindre un « bon état écologique et chimique » de l’ensemble des milieux aquatiques à l’horizon 2015.


EN SAVOIR PLUS :

www.developpement-durable.gouv.fr
www.acadpharm.org
www.anses.fr

 

Contact

Yves Levi
FACULTÉ DE PHARMACIE
Laboratoire Ecologie, systématique, évolution (ESE )
Tél. : 01 46 83 53 66
yves.levi@u-psud.fr

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