Chimie et couleurs au XIXe siècle

Chimie et couleur : une illustration des relations entre science et société.

Au début du XIXe siècle, en Europe, la chimie s’institutionnalise et son enseignement devient plus pratique que théorique ; l’évolution des méthodes d’analyse permet aux chimistes de déterminer les formules brutes des composés. La houille est la source de l’industrie moderne mais les sous-produits de sa carbonisation (goudrons de houille contenant des composés aromatiques) ne sont pas valorisés ; l’essor de l’industrie textile crée des besoins en teinture et celui des empires anglais et français des besoins en médicaments.

Dans ce contexte, le chimiste allemand A. W. von Hofmann et son élève anglais A. Perkin font un rapprochement entre les composants des  goudrons de houille, les colorants naturels (indigo, aniline) et certains médicaments (quinine). En 1856, Perkin synthétise à partir de l’aniline un nouveau colorant, la mauvéine, et développe sa production industrielle. Le succès commercial de Perkin en France incite d’autres chimistes à travailler sur les colorants d’aniline et c’est en Allemagne qu’a lieu, en seconde moitié du XIXe siècle, l’essor industriel de la chimie organique.

En 1865, le chimiste allemand Kekulé propose la formule cyclique du benzène : c’est la naissance de la chimie structurale. Dès lors, les chimistes synthétisent des colorants à partir de données scientifiques (alizarine, 1868 ; indigo, 1878) : c’est l’essor de la carbochimie. Il a lieu en Allemagne où la compréhension de la science et la politique économique (collaboration entre universitaires et industriels, législation sur les brevets) sont les plus adaptées.

 CONTACT
Virginie FONTENEAU
GHDSO,  Groupe d’Histoire et Diffusion des Sciences d’Orsay (PSUD), virginie.fonteneau@u-psud.fr

 

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