“La création des DHU va permettre de Dynamiser l’Hôpital Universitaire.”

Entretien avec … Marc HUMBERT, Professeur des Universités – Praticien Hospitalier dans le service de pneumologie et réanimation respiratoire de l’Hôpital Bicêtre, AP-HP et Directeur de l’UMR-S 999

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Le 16 janvier dernier, l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP), en partenariat avec les sept universités franciliennes à composante médicale dont Paris-Sud et les organismes de recherches, annonçait la labellisation de 8 premiers Départements Hospitalo-universitaires (DHU) en Île-de-France. Professeur à l’Université Paris-Sud, Marc Humbert est le porteur d’un de ces DHU, il est également Vice-président « recherche » du Directoire de l’AP-HP. Il nous aide à décrypter l’enjeu de ces départements.

Paris-Sud Magazine : Quelle est la vocation de ces nouvelles
structures ?
Marc Humbert : Je voudrais d’abord resituer rapidement le contexte global dans lequel ces DHU vont s’insérer. En France, les Centres Hospitaliers Universitaires (CHU) sont au cœur du dispositif de santé, de formation et de recherche biomédicale. Malgré des évolutions notables, il y avait un certain consensus dans la communauté pour reconnaître que ce système qui date de 1958, ne donnait plus complètement satisfaction et méritait d’être revu. En  2009, le Professeur Jacques Marescaux a été chargé par le Président de la République de dresser un état des lieux et de proposer de nouveaux axes de réforme. Le rapport* remis par la commission qu’il présidait comportait un certain nombre de propositions, comme par exemple la création des Instituts Hospitalo-universitaires (IHU) ou celle des DHU. Si les six IHU labélisés l’an dernier sont des entités juridiques autonomes au service d’une ambition d’excellence et sont financés par le grand emprunt national dans le cadre des investissements d’avenir, les DHU sont des centres intégrés de soins, d’enseignement et de recherche basés sur une convention de cinq ans entre les partenaires impliqués. L’objectif est de réunir des compétences jusqu’ici dispersées autour de thématiques médicales identifiées comme prioritaires et novatrices par l’ensemble des partenaires. Ces thématiques peuvent être centrées autour d’un organe, comme l’est le DHU TORINO (Thorax Innovation), ou au contraire sur une problématique transversale comme par exemple les problèmes de fibrose et de cicatrisation dans le cas du DHU FIRE labélisé dans le périmètre de l’Université Paris-Diderot. Les DHU ne sont en aucun cas des doublons de structures existantes, ils vont transformer et structurer notre paysage de recherche hospitalo-universitaire et permettre d’établir des collaborations entre des équipes de champs disciplinaires variés qui vont de la recherche fondamentale jusqu’aux soins, en incluant aussi la formation. Pour moi, le sigle DHU peut aussi se comprendre comme une façon de Dynamiser l’Hôpital Universitaire !

PSM : Sur les 37 projets déposés en réponse à l’appel d’offre, seuls 8 sont labellisés, n’est-ce pas un nombre moins important que prévu ?
MH : Le nombre important de projets déposés nous a favorablement surpris. Il montre une forte motivation de notre communauté pour participer à cet effort de structuration et de transformation. Il y a effectivement eu un peu de déception car d’excellents projets n’ont pas été retenus. Le jury international s’est montré exigeant et n’a, par exemple, pas souhaité labéliser des projets qu’il jugeait encore trop en émergence. Mais il va y avoir une deuxième vague et d’autres projets vont pouvoir être retenus.

PSM : Le DHU Thorax Innovation dont vous êtes le porteur est l’un des huit projets labellisés. En quoi consiste-il ?
MH : L’objectif de ce DHU est d’améliorer la prise en charge et, à terme, de guérir trois groupes de pathologies  thoraciques qui constituent un fardeau considérable pour notre société : les maladies vasculaires pulmonaires chroniques et leurs conséquences cardiaques, les cancers thoraciques et la maladie asthmatique. Pour cela, nous  mettons en place un consortium multidisciplinaire composé de médecins, chirurgiens, biologistes, physiologistes, épidémiologistes, pharmacologues mais aussi de spécialistes d’autres disciplines scientifiques. L’idée est de créer un continuum entre soin clinique, recherche plus fondamentale et formation. Dans cet environnement, les étudiants en master, les doctorants et post-doctorants, et l’ensemble des équipes bénéficieront des informations les plus modernes sur les mécanismes de ces maladies et les innovations en développement. Nous avons pu nous appuyer sur le Labex  Lermit pour réunir toute l’étendue des compétences qui pouvaient apporter une contribution intéressante sur notre thématique Thorax. J’ai été moi-même très impressionné du potentiel de notre université dans ce domaine. Mais il est  vrai que Paris-Sud héberge une Faculté de Médecine, une Faculté de Pharmacie, une Faculté des Sciences, un groupe  hospitalier de l’AP-HP, un Centre de Lutte Contre le Cancer et un Centre Chirurgical Thoracique qui est très en pointe dans le domaine thoracique (encadré). Nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur les compétences  exceptionnelles disponibles au sein de l’université, de ses hôpitaux et de ses unités mixtes de recherche.


Un pôle de compétences
exceptionnelles dans le domaine thoracique

Le Pôle Thoracique des Hôpitaux Universitaires Paris-Sud de l’AP-HP héberge le Centre National de Référence de l’hypertension pulmonaire sévère et une unité mixte de recherche clinique dédiée à la physiopathologie et l’innovation thérapeutique de l’hypertension pulmonaire
L’Institut Gustave Roussy (IGR) est un centre de lutte contre le cancer de réputation internationale, au sein duquel le soin, l’enseignement et la recherche sur les cancers thoraciques sont particulièrement reconnus
Le Centre Chirurgical Marie Lannelongue
(CCML) est un centre de chirurgie thoracique de réputation mondiale  hébergeant des pôles chirurgicaux d’excellence, une banque de tissus, un laboratoire de chirurgie expérimentale et une unité mixte de recherche dédiée en collaboration avec l’Inserm, l’AP-HP et l’Université Paris-Sud
Le centre de recherches en épidémiologie et santé des populations regroupe de nombreuses compétences dans le  domaine de l’épidémiologie respiratoire, de l’environnement, de la pharmacovigilance et des suivis de cohortes, avec une recherche prestigieuse dans le domaine de la maladie asthmatique.
Trois écoles doctorales permettent l’accueil dans les meilleures conditions de doctorants et de post-doctorants dans  les domaines de la cancérologie, de la santé publique et de l’innovation thérapeutique.

CONTACT
Marc Humbert, Faculté de Médecine du Kremlin-Bicêtre, Hôpital Antoine Béclère, marc.humbert@u-psud.fr, marc.humbert@abc.aphp.fr

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