Plein Sud

Professeur des universités à la Faculté de Médecine de l’Université Paris-Sud, Dominique Emilie était un Praticien Hospitalier reconnu au plus haut niveau. Sa disparition brutale a endeuillé notre communauté universitaire qui a décidé de lui rendre hommage lors d’une journée scientifique qui lui était dédiée le 21 octobre dernier. Son ancien directeur et ami Pierre Galanaud dresse le portrait d’un grand scientifique doté de profondes qualités humaines.

Dominique débute son parcours dans notre université en 1987, comme Chef de Clinique-Assistant à l’hôpital Antoine Béclère. Deux ans plus tard, il est recruté Chargé de Recherches à l’INSERM. Il sera Directeur de Recherche en 1994.

Un brillant immunologue
En cette fin des années quatre-vingts, l’immunologie se développe de manière spectaculaire, avec notamment la découverte d’un nombre croissant de cytokines, ces hormones du système de défense, qui sont devenues depuis des cibles thérapeutiques dans de nombreuses maladies. Dominique anticipe le fait que le champ d’action de ces nouveaux médiateurs déborde largement le domaine de l’immunologie. Surtout, il dépasse les approches réductionnistes qui avaient permis ces progrès, pour aborder également les phénomènes en jeu dans un organisme entier. Il est le premier à s’être donné les moyens d’analyser la production des cytokines en pathologie humaine, au site même de la réaction immunitaire. L’originalité de ces travaux devait beaucoup à la prise en compte de la dimension topographique, dont Dominique aborde les mécanismes en devenant l’un des spécialistes reconnus des chimiokines, ces molécules dont les gradients orientent nos cellules au sein des compartiments tissulaires.

En 1998, Dominique est recruté Professeur des Universités-Praticien Hospitalier (PU-PH) d’Immunologie clinique. Il développe une intense activité de recherche clinique, dans des protocoles conçus à partir de ses résultats dans le domaine cognitif, où il joue souvent le rôle d’investigateur principal, en abordant les lymphomes primitifs ou liés à la maladie VIH, la primo-infection VIH, la maladie lupique. En 2002, il oriente son activité hospitalière vers la biologie, au sein d’un service en difficulté pour lequel il joue un rôle majeur dans le redressement. Il le fait selon sa méthode discrète et efficace, en épaulant les collègues plus anciens et en recrutant des jeune.

Un exceptionnel fédérateur d’enthousiasmes

Dominique avait investi sa capacité impressionnante à fédérer les enthousiasmes sur des projets porteurs au service du conseil scientifique de l’université et dans la présidence du conseil scientifique de la faculté de médecine. Son optimisme à toute épreuve était fondé sur la conviction que l’honnêteté et les interactions loyales sont payantes. Il s’est impliqué dans de nombreux projets collectifs, dont les plus récents sont, avec Roger Legrand, le projet FlowCyTech sélectionné à l’appel d’offres Equipex et la participation avec Rodolphe Fischmeister, au montage du projet LERMIT de l’appel d’offres Labex.

Dans tout cela, ce qui tenait certainement le plus à coeur à Dominique, c’est d’avoir contribué à façonner la vie scientifique de générations d’étudiants. Plusieurs d’entre eux sont devenus des leaders dans leur domaine, dans notre université, en France et Outre-Atlantique.

Dominique ÉMILIE nous a quittés le 25 février dernier, à la suite d’un accident de montagne. Cette disparition brutale est un drame pour tous ceux, et ils sont nombreux, qui ont tant partagé avec lui.

CONTACT :
Pierre GALANAUD
Institut Paris-Sud Cytokines, Faculté de Médecine (PSUD, Inserm), pierre.galanaud@u-psud.fr